Que deviennent les enfants qui meurent sans être baptisés ?

La réponse du Père Alain Mattheeuws
s.j. Institut d’Etudes théologiques de Bruxelles

Rappelons cette évidence que notre culture scientifique et l’éloignement de la foi nous cachent trop souvent : personne ne vient à l’existence sans avoir été voulu par Dieu. La dignité de tout être humain repose sur cet amour personnel de Dieu pour tous ces enfants. Aucun enfant n’est conçu sans être "pris" dans cet amour. Aucun enfant n’est un être humain sans que Dieu ne pose un acte de Création. Dieu seul crée. Tous les enfants sont donc établis dans une relation d’alliance avec notre Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit. Ils ont un corps : ce ne sont pas des anges ! Ils sont appelés à ressusciter un jour et à resplendir de la lumière de Dieu. Rappelons aussi que toute personne de bonne volonté, même d’une autre religion, peut baptiser un enfant en danger de mort en rejoignant l’intention du Christ et de l’Église.

Le baptême fait entrer dans le mystère du salut : la personne du Christ qui meurt et ressuscite pour nous. Il nous introduit sans mérite de notre part dans la famille des sauvés : l’Église. Nous revêtons le Christ : nous sommes incorporés en son corps.

Pour des enfants qui sont nés, l’intention des parents manifestée à un membre de l’Église, place ces enfants dans le corps des catéchumènes : leur mort les introduit dans l’acte sauveur du Christ et ils vont le rejoindre au ciel. Pour des enfants, comme les saints innocents, qui meurent de la violence humaine, nous pensons qu’ils sont associés au Juste et à l’Innocent par excellence qu’est le Christ : ils sont sauvés en Lui. Ils entrent en son cœur. C’est le baptême du sang !

Pour tous les enfants qui meurent dans le sein de leur mère, il n’a pas été possible de les baptiser. Pour certains conçus par amour et dans la foi de leurs parents, nous pensons spontanément qu’ils sont associés par grâce à l’amour de leurs parents : par là, ils entrent dans l’amour du Père pour toujours : dans l’éternité de Dieu. Pour ceux qui souffrent de violence, ils sont « mis avec Jésus » sur la croix et ils ressusciteront avec Lui. Pour toute situation dans laquelle l’enfant comme ses parents sont loin de la connaissance de Jésus et de son Église, nous faisons nôtre cette affirmation de Vatican II : « Puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal » [1].

Ainsi pour tout enfant qui meurt sans être baptisé, surtout au début de la grossesse, nous avons l’espérance que l’alliance dont il vit comme créature, est assumée par amour et dans l’amour par le Christ sauveur. Particulièrement ceux qui meurent dans le sein maternel iront rejoindre cet amour dont ils sont issus : selon les paroles de Jean-Paul II dans l’encyclique Evangelium vitae, ils vivront désormais « dans le Seigneur ».

[1Gaudum et Spes, Constitution pastorale du pape Paul VI, 1965, n°22, 5