Je ne désirais pas ce bébé, et l’ai perdu, j’ai l’impression que le Bon Dieu m’a punie, est-ce possible ?

La réponse du Père Jacques de Longeaux

Vous avez subi un double choc : celui d’une grossesse non désirée, puis celui de l’interruption spontanée de cette grossesse et la perte de l’enfant que vous portiez. Vous n’avez rien fait pour provoquer cette fausse couche. Elle ne doit certainement pas être comprise comme une punition de Dieu. Le Dieu punisseur n’est pas le Dieu que la Bible nous fait connaître. Il est plutôt l’expression de notre inconscient. Au contraire, le Dieu de miséricorde, le Dieu et Père de Jésus-Christ, est à vos côtés dans cette épreuve.

On sait que les sentiments d’une mère envers l’enfant qu’elle attend peuvent être ambivalents. Dans le cas le plus fréquent, la femme accueille avec une très grande joie sa grossesse. Mais, il y a aussi des cas, nous le savons bien, où elle rejette la vie qui commence à grandir en elle (ce qui doit être bien distingué des cas où l’enfant est seulement non désiré). Entre les deux, la femme qui devient mère expérimente toute une gamme de sentiments mêlés, contradictoires.

Attendre un enfant est une chose qui touche si profondément le corps et l’existence, qu’il n’est pas étonnant que l’affectivité soit mobilisée de façon complexe. Certaines culpabilisent parce qu’elles ne sentent pas en elles l’amour ou le sentiment maternel, qu’elles devraient, pensent-elles, ressentir. Mais chacune est différente et ces sentiments ne se commandent pas ! Il faut faire attention au poids des représentations sociales. Il arrive aussi que l’enfant ne soit pas désiré, parce qu’il représente une charge supplémentaire que les parents estiment ne pas pouvoir assumer.

Dieu ne juge pas (et punit encore moins) les sentiments, les désirs, qui naissent spontanément en nous, et nous tiraillent en tout sens. Nous ne sommes responsables que de nos choix libres, c’est-à-dire des actes où nous nous engageons nous-mêmes, même si ce n’est que pour une petite part. Dans le cas d’une grossesse, il se peut que l’enfant n’ait pas été désiré. Cela n’est, en rien, un péché. Mais, une fois la grossesse connue, la mère et le père doivent se disposer à accueillir cet enfant. Ils doivent agir en vue son bien, et son bien requiert qu’il soit reconnu et aimé. La liberté ici s’engage, au-delà des aléas de l’affectivité, en faveur de l’enfant. Et l’expérience montre qu’à la naissance, l’enfant, non désiré au départ, est aimé comme les autres.

Au fond, seule la conscience connaît les motivations cachées de nos actes ainsi que nos pensées secrètes. Si vous jugez qu’il y a une part de péché personnel dans l’épreuve que vous avez subie, et que vous le regrettez sincèrement, le sacrement de réconciliation vous est offert : il est une rencontre personnelle avec le Christ qui guérit les cœurs blessés.