J’attends un enfant qui est condamné par la maladie à court terme. Est-ce que l’Église autorise l’interruption médicale de grossesse dans ce cas ?

La réponse du Père Jacques de Longeaux

Avec le père de l’enfant, vous affrontez une lourde épreuve. La nouvelle d’une grossesse est une telle joie, l’enfant désiré est porteur de tant d’espérance, qu’apprendre qu’il est atteint par une maladie incurable, ou par un lourd handicap, constitue un véritable séisme.
Vous savez que la loi française permet, dans votre situation, de pratiquer une « interruption de grossesse pratiquée pour motif médical » à n’importe quel moment de la grossesse.

Pour l’Église, la vie humaine, surtout la plus faible, doit être respectée. Une interruption délibérée et directe d’une grossesse, même si l’enfant est atteint par « une affection d’une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic » (je reprends à dessein les termes de la loi), ne se justifie jamais [1]. Que faire alors ? Un chemin est possible, des couples en témoignent : permettre à cet enfant – votre enfant – de vivre sur terre, dans les meilleures conditions possibles, toute la vie qu’il pourra vivre, l’accueillir et l’aimer dans sa fragilité et sa vulnérabilité. Le diagnostic précoce de sa maladie permettra la meilleure prise en charge à la naissance.

En le mettant au monde, vous verrez son visage, vous lui donnerez un nom, il sera inscrit à l’État civil, il pourra être baptisé, il recevra des obsèques religieuses. Jusqu’à la fin, il aura le droit de recevoir les soins dus à tout être humain, être nourri et hydraté, être préservé de la douleur. Il aura également droit aux traitements médicaux exigés par son état de santé. Cependant, un moment viendra où il n’y aura pas d’obligation morale à poursuivre un traitement qui le ferait survivre à tout prix avec des handicaps très lourds. Il vous reviendra, sans doute, de décider, avec l’équipe médicale, de la limite entre les traitements nécessaires et ceux qui deviennent un acharnement déraisonnable.

Sur ce chemin, vous aurez besoin d’être soutenus. Vous trouverez, j’en suis sûr, une équipe médicale respectueuse de votre choix et qui vous accompagnera. J’espère également que vous trouverez dans votre entourage, dans votre communauté chrétienne, des personnes avec qui vous pourrez parler et qui se tiendront à vos côtés dans les moments difficiles.

Les techniques de diagnostic prénatal ont fait et feront encore beaucoup de progrès. Avec vous, j’espère qu’elles s’accompagneront, dans l’avenir, d’un progrès équivalent dans le traitement des maladies et des handicaps qu’elles décèlent, mais aussi de l’intégration sociale de la personne handicapée et de la solidarité avec les parents.

[1Evangelium Vitae, Encyclique du pape Jean-Paul II, 1995, Paragraphes n°58-63