J’ai été obligée d’avorter il y a longtemps, je ne me suis pas vraiment rendue compte, mais aujourd’hui je me dis que c’était peut-être grave, que faire ?

La réponse du Père Michel Aupetit

Il peut arriver dans le contexte actuel de banalisation de l’avortement que les personnes n’aient pas conscience de la gravité de l’acte qu’elles posent quand elles demandent une interruption volontaire de grossesse. Dès les débuts du christianisme, l’Eglise a toujours condamné l’avortement qui était déjà pratiquée à Rome au début de notre ère, car les chrétiens considéraient que cela consistait à supprimer une vie humaine voulue par Dieu. C’est un enseignement permanent de l’Eglise jusqu’à nos jours [1].

Dans son encyclique Evangelium Vitae, Jean Paul II le redit avec force : « avec l’autorité conférée par le Christ à Pierre et à ses Successeurs, en communion avec tous les évêques de l’Eglise catholique, je confirme que tuer directement et volontairement un être humain est toujours gravement immoral ».

L’Eglise reconnaît aussi qu’il peut y avoir une ignorance invincible dans un contexte où l’avortement est décrit comme une libération en passant sous silence la destruction effective de l’être humain en gestation. Si l’acte est objectivement grave, l’ignorance subjective de cette gravité diminue la responsabilité personnelle.

Quand on est catholique et qu’on prend conscience de l’importance d’un péché, il faut tout d’abord recourir au sacrement de réconciliation. Dans le cas d’un avortement, l’absolution est réservée à l’évêque, mais dans beaucoup de cas, il a remis son pouvoir aux prêtres de son diocèse. En général, la pénitence qui accompagne le pardon du Seigneur permet à la personne de se mettre au service de la Vie (accompagnement de personnes handicapées à Lourdes comme brancardier ou infirmière, travail dans une association au service de femmes enceintes en difficulté, accueil de personnes touchées par la blessure d’un avortement, etc.).

Si le sacrement du pardon réconcilie avec Dieu et permet d’accéder à nouveau à la communion au Corps du Christ, il arrive que des personnes continuent de souffrir car elles n’arrivent pas à se pardonner elles-mêmes. Cela peut même conduire à ce que les médecins connaissent aujourd’hui sous le nom de dépression du postabortum.

Dans votre cas, vous pouvez par exemple travailler à rétablir un lien avec votre enfant. Ce peut-être d’abord en lui donnant un nom pour pouvoir entrer en relation avec lui. Puis, comme le dit le Pape Jean Paul II en s’adressant aux femmes qui en souffrent : « vous pourrez aussi demander pardon à votre enfant qui vit désormais dans le Seigneur ».

[1Gaudium et Spes, Constitution pastorale du pape Paul VI, 1965, paragraphe 51